Une exploitation au-delà des limites de la zone susceptible d’être ennoyée par les eaux du barrage hydroélectrique de Mekin dans la Forêt du Domaine national (FDN), a été récemment observés et dénoncés dans le cadre des activités d’observation indépendante externe (OIE) du Système Normalisé d’Observation Indépendante Externe (SNOIE). Ces faits d’illégalités ont été documentés par l’association « Projet d’Appui à l’élevage et de Préservation de la biodiversité en périphérie des aires protégées au Cameroun » (PAPEL), et soumis au ministère des Forêts et de la Faune (MINFOF) au mois de décembre 2019.
Les auteurs présumés de cette exploitation hors limite[1] et sans autorisation dans les forêts du domaine nationale, sont l’association ASBAD et la société ENOUMEDI Noah Joss Cédar (ENJC), partenaire chargé de réaliser la Coupe de Sauvetage dans la forêt communautaire dénommée ASBAD évaluée à 1246.71 ha située dans l’emprise du barrage hydroélectrique de Mekin. En effet, ces derniers en complicité avec certains individus du village Alouma et du responsable local du MINFOF en charge du suivi desdites opérations, profitent de l’autorisation Spéciale de Coupe de Sauvetage attribuée par le MINFOF de l’Est au mois de mai 2019, pour couper sans respecter les limites prévues par l’autorisation. Ceci, en déphasage des prescriptions contenues dans la Notification de démarrage des activités délivrée le 04 juin 2019 par le Délégué Régional-Est du MINFOF qui stipulent que : « le Sous-traitant ENOUMEDI Noah Joss Cédar (ENJC) agréé à la profession forestière est tenue de réaliser cette coupe de sauvetage conformément aux prescriptions ci-après : respecter les limites et abattre uniquement les arbres de la zone sus évoquée (…)».
Les coupes illégales de bois hors des limites se déroulent autour des villages Alouma, Komba 1 et Komba Tida. Au cours de la mission d’investigation de l’organisation PAPEL, il a été observé quarante-une (41) souches non-marquées dans la forêt du domaine national notamment le Tali (Erythrophleum ivorense) au voisinage des villages Komba 1 et Komba Tida ; huit (08) parcs vidés de leurs contenus dans la forêt du domaine national et le long de l’axe reliant les villages Alouma et Komba 1. Certaines grumes portant des marques à la peinture verte et des empreintes au marquoir ont été également relevés. Ces actions de marquage des bois et l’utilisation des feuillets de DF 10[2] pour une exploitation hors de la zone autorisée, constituent également des infractions selon les dispositions de l’article 437 de l’arrêté 222/A/MINEF/ 25 Mai 2001.
A ce jour, aucune action de l’administration forestière n’est encore connue. L’équipe de la mission espère que les actions seront imminentes, car sur le même site de l’infraction des initiales sur les billes observées ont permis de relever un autre exploitant illégale dans la zone, qui n’est nul autre que le GIC ZIOMAS qui ne dispose pas de titre valide dans cette zone et n’est pas aussi concerné par l’autorisation spéciale de coupe de sauvetage.
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[1] Est puni d’une amende 200 000 à 1 000 000 francs CFA et d’un emprisonnement d’un (1) mois à six (6) mois ou de l’une seulement de ces peines l’auteur de l’une des infractions suivantes : -l’exploitation forestière non autorisée dans une forêt du domaine national ou communautaire, en violation des Articles 52, 53 et 54, sans préjudice des dommages et intérêts sur les bois exploités (…).
[2] Est puni d’une amende de 3 000 000 à 10 000 000 francs CFA et d’un emprisonnement de un (1) an à trois (3) ans ou de l’une seulement de ces peines l’auteur de l’une des infractions suivantes : la falsification ou la fraude sur tout document émis par les administrations chargées des forêts, de la faune et de la pêche, selon le cas ».